À l’occasion du 60ème anniversaire du traité de Rome, l’institut CSA a réalisé pour La Croix une étude* sur la perception qu’ont les Français de l’Union européenne et leur souhait d’orientation en matière de politique communautaire. Alors que nous mesurions un renforcement du camp français des Europhiles juste après le Brexit, il semblerait d’après ce nouveau sondage que cette tendance se confirme.
UN NIVEAU D’INQUIÉTUDE QUI RESTE ÉLEVÉ MAIS QUI BAISSE DEPUIS 2014
La construction européenne continue de susciter des sentiments majoritairement négatifs chez les Français. Cependant, leur opinion évolue sur la question : lors des dernières élections européennes, en 2014, 58% des Français étaient inquiets ou hostiles lorsqu’ils pensaient à la construction européenne. En juin 2016, après le Brexit, ils étaient 55%, et aujourd’hui, à la veille des 60 ans du traité de Rome, ce chiffre s’établit à 52%.
DEPUIS LE BREXIT, LE CAMP DU FREXIT RECULE
Les Français ne sont désormais « plus que » 28% à être favorables à ce que la France sorte de l’UE, une baisse de 4 points par rapport à juin dernier. Parmi les personnes les plus favorables à une sortie de l’UE se trouvent davantage de sympathisants du Front national (78%), d’ouvriers (56%) et de non-diplômés du secondaire (43%), soit les populations les plus fragiles sur un plan social ou culturel et qui perçoivent la mondialisation ou l’UE comme une menace.
L’abandon de l’Euro ne séduit pas davantage les Français : seuls 27% plaident en faveur de son abandon (-3 depuis mai 2014, au moment des dernières élections européennes).
À rebours de ces idées, un tiers des Français souhaite que la construction européenne s’accélère (32%, -3 par rapport à juin 2016). Les sympathisants du Centre (57%), les personnes les plus âgées (44% des 65 ans et plus) et les cadres (44%) sont les plus favorables à une accélération, soit des catégories traditionnellement europhiles.
UNE APPARTENANCE À L’UE JUGÉE DE PLUS EN PLUS POSITIVEMENT POUR LA FRANCE…
62% des Français jugent que l’appartenance de la France à l’UE est une bonne chose, soit 3 points de plus par rapport à la mesure effectuée après le Brexit. La vague eurosceptique que l’on a observée en Europe dernièrement, notamment en Grande-Bretagne, semble donc contenue en France, du moins pour l’instant…
…MAIS LE FONCTIONNEMENT DE L’UNION EUROPÉENNE EST TRÈS CRITIQUÉ
Les Français n’ont pas pour autant une vision idyllique de l’Union européenne, loin de là : 67% des Français pensent qu’elle fonctionne mal et 74% estiment que l’élargissement de l’Union européenne s’est fait trop vite.
L’EUROPE À PLUSIEURS VITESSES, UNE SOLUTION APPROUVÉE POUR SORTIR DE CETTE SITUATION
Face au constat d’une Europe qui fonctionne mal, qui s’est élargie trop vite, mais qu’on ne souhaite pas quitter, 62% des Français se montrent favorables à une solution de compromis : une Europe à plusieurs vitesses qui permettrait à certains membres d’aller plus loin dans les politiques communes sans forcer les autres états membres à participer à l’ensemble de ces politiques. Sur le plan politique, la solution semble satisfaire toutes les sensibilités, à l’exception notable des sympathisants du Front national qui sont majoritairement opposés à cette idée (58%).