Les délais de RDV en ophtalmologie ont baissé de 70 % depuis 2017 : un RDV non urgent sur deux peut être obtenu pour un nouveau patient en moins de 22 jours et 1 sur 4 en moins de 8 jours.
Le Docteur Thierry Bour, Président du SNOF, dévoile ce matin les résultats de l’édition 2023 de l’étude CSA/SNOF sur les délais de RDV en ophtalmologie*, réalisée en septembre. Pour la cinquième année consécutive, l’enquête confirme que le délai médian d’obtention d’un RDV pour un nouveau patient poursuit sa baisse initiée en 2019, passant de 43 à 24 jours (-19 jours) par téléphone. Par internet, il descend pour la première fois sous la barre symbolique des 20 jours. Ces résultats, en amélioration de 25 % depuis 2022, sont d’autant plus significatifs qu’ils s’inscrivent dans un contexte de déconventionnement/fermeture (pour pratiques frauduleuses selon l’Assurance Maladie) de quarante centres de santé ophtalmiques entre février et août 2023 et d’un niveau encore élevé de départs en retraite.
Cette baisse continue des délais confirme l’efficacité des mesures développées par la filière visuelle pour garantir une prise en charge fluide et sécurisée des patients et ce malgré la hausse de la demande de soins.
Le Dr Thierry Bour déclare : « Cette nouvelle enquête confirme la baisse continue des délais d’obtention d’un RDV, qui ont globalement diminué de 70 % depuis 2017 à l’échelle nationale. L’amélioration est globalement de 25 % par rapport à l’année dernière. C’est du jamais vu ! La proportion de RDV obtenus a également augmenté, preuve d’un accès aux soins fluidifié grâce au fort développement du travail aidé chez les ophtalmologistes libéraux (78 % contre 63 % en 2019). La baisse des délais combinée à la hausse de la proportion des RDV obtenus contribuent à couvrir l’ensemble des besoins en soins visuels de la population française. Pour rappel, 75 % des Français sont porteurs d’équipements optiques** et 95 % de cette population est déjà suivie par un ophtalmologiste. »
72 % DES RENDEZ-VOUS EN OPHTALMOLOGIE SONT OBTENUS DES LE PREMIER APPEL
Cette enquête menée grâce à des appels mystères sur le terrain, mesure les délais d’une prise de RDV par téléphone selon deux motifs de consultation pour un nouveau patient : 1/ consultation périodique et 2/apparition de nouveaux symptômes nécessitant un examen rapproché (sans notion d’urgence). Le 1er motif a été également exploré par internet.
Le délai médian d’obtention par téléphone d’un RDV dans le cas d’un contrôle périodique continue de diminuer, passant de 43 jours en 2019 à 24 jours en 2023 (vs. 30 jours en 2022), soit 20 jours de moins par rapport à l’étude SNOF – CSA réalisée en avril-mai 2019. Si l’on regarde la moyenne, les délais ont été raccourcis de 2 semaines (48 jours vs. 68 jours en 2019). 56% des RDV sont donnés à moins d’un mois et 25 % sont obtenus en moins de 8 jours (vs. 13 jours en 2022). Ces résultats sont à mettre en perspective avec l’amélioration de la proportion de rendez-vous obtenus + 8 % depuis 2019 qui s’explique notamment par l’efficacité croissante des protocoles organisationnels et le développement rapide du travail aidé.
Dans le cas d’apparition de symptômes (scénario 2), le délai médian est passé de 10 jours en 2019 à 4 jours en 2023, soit une baisse de 60 % et le délai moyen est passé de 27 jours à 8 jours, soit une diminution de 19 jours en 4 ans (-70 %).
L’étude révèle par ailleurs que la proportion de patients renvoyés sur internet après un appel téléphonique, se réduit et est revenue à sa valeur de 2019 (environ 10 %). Une évolution positive qui montre une meilleure disponibilité des secrétaires médicaux pour une meilleure prise en charge des nouveaux patients.
La prise de RDV via un site internet prend de plus en plus d’importance en ophtalmologie et son développement devrait se poursuivre. 62% des ophtalmologistes la propose. Cette année encore, les délais de RDV sur internet sont plus courts par rapport aux délais de RDV téléphoniques et la proportion des RDV obtenus en ligne est supérieure (77% vs 72%). Ainsi, en 4 ans, le délai médian des RDV obtenus en ligne s’est amélioré de plus de trois semaines (19 vs 42 jours) et le délai moyen est passé de 61 jours à 41 jours.
LES DELAIS D’OBTENTION DE RENDEZ-VOUS ONT FORTEMENT DIMINUE DANS LA PLUPART DES REGIONS
La réduction des délais est une réalité dans 11 régions sur 13 par rapport à 2019 dans le cas d’un contrôle périodique : -81 jours en Normandie ; -73 jours en Bretagne, -61 jours en Centre-Val de Loire et -42 jours en Auvergne-Rhône Alpes. Dans le cas du scénario 2, toutes les régions voient leurs délais se réduire depuis 2019 : 4 jours en Normandie (-23 jours), 1 jour en Bretagne (-17 jours), 9 jours en Bourgogne Franche-Comté (-13 jours) et 5 jours en Centre-Val de Loire (-12 jours). Par internet, une nette amélioration est observée depuis l’année dernière en Occitanie, Bretagne, Hauts-de-France, Normandie, Ile-de-France, AURA, PACA et Centre-Val de Loire.
Les délais de RDV diminuent dans tous les types d’agglomération, et particulièrement dans les villes entre 20 et 100 000 habitants.
Le SNOF dévoile également les délais de RDV téléphoniques dans les dix plus grandes villes de France. Sept villes sur dix sont passées sous la barre des 20 jours, soit trois villes de plus qu’en 2022. Par exemple, à Toulouse, un RDV sur deux est obtenu en 21 jours pour le scénario 1, soit une baisse de 59 jours et à Nice un RDV sur deux est obtenu en 13 jours, toujours pour le même scénario, soit une réduction de 1 mois par rapport à 2019.
Le docteur Thierry Bour ajoute : « En 2024 et 2025, une nouvelle baisse des délais de RDV devrait se produire par l’amélioration de certains facteurs : diminution des départs en retraite, progression du travail aidé, mise en route de nouveaux protocoles (RNM élargi et glaucome) et des nouvelles mesures réglementaires pour les orthoptistes. Il est encore possible d’optimiser davantage la fluidité du parcours de soins visuels et d’atteindre une baisse de 80 % des délais de RDV versus 2017, ce qui est l’objectif final. Pour y arriver, le SNOF a élaboré plusieurs propositions. Le véritable enjeu pour les 5 prochaines années est de s’attaquer maintenant efficacement au défi des zones sous dotées en médecins. Cela devrait être un des objectifs majeurs de la prochaine négociation conventionnelle avec l’Assurance Maladie, laquelle devrait s’ouvrir très prochainement. Les médecins spécialistes sont les premiers concernés et doivent être force de proposition au travers de leurs syndicats représentatifs comme Avenir Spé-Le Bloc. Donner les moyens d’agir aux médecins spécialistes libéraux pour améliorer l’accès aux soins des patients est un des meilleurs moyens de répondre au mécontentement actuel, lequel se traduit aujourd’hui par le mouvement de fermeture des cabinets débutant ce 13 octobre. »
OBJECTIF 15 JOURS DE DELAI MEDIAN POUR OBTENIR UN RENDEZ-VOUS D’ICI 2025
Un objectif ambitieux mais atteignable d’ici 2025 au plan national et dans les 5 ans pour les zones sous-dotées en ophtalmologie avec trois mesures prioritaires proposées par le SNOF :
1) Renforcer la formation d’ophtalmologistes en ouvrant au moins 200 postes d’internes en ophtalmologie par an dans les 10 prochaines années, au lieu des 150 actuels. Développer largement les stages d’internes en libéral (phases 2 et 3) en passant de 45 postes à 150 (dont 50 docteurs Juniors) et améliorer la densité dans les régions déficitaires (en-dessous de 8 ophtalmologistes/100 000 hab.)
2) Poursuivre le développement de l’équipe de soins pluriprofessionnelle, notamment des assistants médicaux et orthoptistes autour de l’ophtalmologiste. L’objectif est d’atteindre 90 % d’ophtalmologistes en travail aidé et deux assistants par ophtalmologiste (au lieu de 78% d’ophtalmologistes en travail aidé et 1,4 assistant / médecin aujourd’hui).
3) Développer les sites secondaires médicaux pour améliorer le maillage territorial, en y associant la télémédecine, des protocoles organisationnels et de coopération avec les orthoptistes. Utiliser le zonage médecin pour débloquer des aides à l’installation pour les nouveaux cabinets en zones sous-dotées, en attendant un éventuel zonage en ophtalmologie.