06/07/2021 Etude

Les français et le genre : vers la disparition de la notion de genre ?

GENDER FLUID, TRANSGENRE OU CISGENRE, LA NOTION DE GENRE SE TEINTE DE NOMBREUSES NUANCES CES DERNIÈRES ANNÉES. LE GENRE EST-IL ENCORE PERTINENT POUR SE DÉFINIR SELON LES FRANÇAIS ? C’EST QUOI « ÊTRE UN HOMME » ? « ETRE UNE FEMME » ? QUEL POIDS DES CLICHÉS ? QUEL RÔLE DES MÉDIAS ?

L’institut CSA a souhaité interroger les Français, dans le cadre d’une étude exclusive et inédite, sur leur perception de la notion de genre et des stéréotypes qui peuvent y être associés.

Questions de genre(s)

UNE SOCIÉTÉ FRANÇAISE PROGRESSISTE SUR LA QUESTION DU GENRE

 

Les Français sont prêts à interroger la notion de genre qui ne leur semble plus pertinente. 51% d’entre eux ne sont pas d’accord avec l’idée qu’une personne est « soit un homme, soit une femme et rien entre les deux ». Dans le détail, les 15-24 ans (57%) et les femmes (58% vs 44% pour les hommes) sont les plus à l’aise avec l’idée qu’une personne puisse être ni complètement homme, ni complètement femme.

 

L’étude montre par ailleurs que nous nous dirigeons vers une éducation des enfants de moins en moins genrée. Seul un Français sur deux considère désormais qu’il est important d’éduquer un garçon comme un « vrai petit garçon » ou une fille comme « vraie petit fille ». Là encore apparait un clivage entre les hommes et les femmes qui se déclarent moins attachées à une éducation genrée des enfants.

UNE PERCEPTION COLLECTIVE EN DÉCALAGE AVEC UNE RÉALITÉ ENCORE TRÈS NORMÉE

 

Cette ouverture affichée à une évolution non-genrée de la société est d’autant plus forte que les Français ont le sentiment qu’il s’agit d’un phénomène assez répandu autour d’eux. Ainsi, 24% des Français déclarent connaitre une personne non-binaire dans leur entourage. Et ils sont 45% parmi les 15-24 ans.

 

En réalité, lorsqu’on les interroge, seuls 2% des Français se considèrent non-binaires. De la même manière, l’étude montre une prédominance de l’hétérosexualité (89% des personnes interrogées se disent hétérosexuelles) et de relations sexuelles hétéronormées (86% des personnes interrogées n’ont jamais eu de relations sexuelles avec une personne du même sexe qu’elles).

LE GENRE, IMPORTANT DANS L’INTIMITÉ, BEAUCOUP MOINS AU TRAVAIL

 

Pour 82% des Français il est important de pouvoir identifier le genre de la personne avec laquelle ils sont en contact dans leur vie amoureuse. Mais si le genre semble essentiel en amour, il perd de son importance au fur et à mesure que l’on s’éloigne de l’intime. Ainsi, pour 58% des Français il est important de pouvoir identifier le genre de la personne avec laquelle ils sont en contact dans leur vie familiale, 49% dans leur vie amicale et 41% dans leur vie professionnelle.

FEMME DÉSIRABLE CONTRE HOMME CHEF, EST-CE QUE LES CLICHÉS PERDURENT ?

 

Interrogés sur les adjectifs qui correspondent le mieux aux femmes et aux hommes, les Français définissent les femmes comme « sensibles », « maternelles » et « douces ». Les hommes se voient attribués en priorité les adjectifs « forts » « protecteurs » et « paternels ». En revanche, les femmes font jeu égal avec les hommes sur les qualificatifs liés à la force, à l’incarnation d’un(e) chef(fe) ou d’un(e) leader(euse).

 

Si les clichés semblent avoir la vie dure, ils sont plus souvent partagés par les hommes (74% d’entre eux pensent que les femmes sont plus douces que les hommes vs 69% des femmes, ou encore 71% pensent qu’un homme doit subvenir aux besoins de sa famille vs 59% des femmes.)

 

Ces stéréotypes et les diktats de beauté et de désirabilité pèsent sur les femmes qui sont nombreuses à déclarer avoir déjà souffert de devoir se conformer à certaines idées reçues : 74% être mince, 69% être désirable, 68% savoir se faire discrète.

 

Les hommes ne sont pas épargnés non plus : 68% ont subi l’injonction d’être ambitieux, viril (65%), de ne jamais pleurer (65%), d’être sexuellement performant (63%), ou encore de savoir se battre (60%).

DES STÉRÉOTYPES VÉHICULÉS PAR LES MÉDIAS

 

Interrogés sur les images véhiculées par les médias, les Français ont le sentiment d’une prédominance des représentations de femmes jeunes (88%) et sexy (84%) et d’hommes musclés (68%), bien loin devant les représentations d’hommes s’occupant des enfants (44%) ou des tâches ménagères (35%).

 

Dans le détail, les personnes interrogées estiment que la télévision et le cinéma sont les médias dans lesquels l’image des femmes a le plus évolué positivement alors qu’internet ne contribue pas assez à l’amélioration de l’image des femmes.

 

Et d’ailleurs, 40% des personnes interrogées considèrent que les chaînes de France Télévision contribuent à améliorer l’image des femmes sur le petit écran.

 

Méthodologie : Etude CSA réalisée en ligne du 6 au 14 mai 2021, auprès d’un échantillon représentatif de 1173 Français âgés de 12 ans et plus, construit selon la méthode des quotas sur les critères de sexe, d’âge, de profession du répondant, de région et de taille d’agglomération.

JOUETS, SPORT, TECH AUTOMOBILE NON-GENRÉS VS CHAUSSURES, BIJOUX ET VÊTEMENTS BINAIRES

 

L’attrait pour les produits non-genrés est réel et certaines marques sont plus particulièrement attendues notamment dans le sport, la tech, les jouets et les voitures. Ainsi parmi celles qui doivent s’atteler à proposer des produits et des collections gender fluid, on trouve : Lego (60%), Apple, Peugeot et Samsung ex-aequo (59%) suivies de Playmobil, Decathlon, Renault, Nike, Nivea, Citroën, Lacoste, … Si les Français estiment qu’il est important que ces catégories proposent des produits identiques pour les femmes et les hommes, il n’en est pas de même pour les chaussures, les bijoux, et les vêtements.

 

Chez les plus jeunes, la tendance est encore plus affirmée, Adidas (78%) et Nike (77%) sont très attendus sur leur capacité à proposer des collections unisexes. La Gen Z accepterait même que des marques telles que Dior (65%), H&M (60%) ou Bershka (61%) présentent des produits neutral gender. Ce phénomène n’a pas échappé à l’univers de la mode et de la beauté, qui commence également à emprunter cette 3eme voie.

DU GENRE DES MARQUES

Toutefois certaines marques semblent intrinsèquement genrées. Ainsi L’Oréal est perçue à 51% comme une marque plutôt féminine tout comme Contrex (37%), Mixa (35%) ou encore Mini (35%). A l’inverse Axe (63%) et Gillette (52%) sont associés à l’univers masculin. Entre les deux de nombreuses marques (alimentation, boisson, …) et enseignes (sport) demeurent neutres à leurs yeux

LE LUXE : UN SECTEUR QUI DIVISE LES FRANCAIS … ET LES CONSOMMATEURS

 

Sur l’ensemble des personnes interrogées, le luxe est moins attendu sur la question du genre (47% Louis Vuitton, 46% YSL, 45% Kenzo) que d’autres secteurs. En revanche les consommateurs de produits de luxe ont une posture nettement plus exigeante sur le sujet. Ainsi plus des trois-quarts des clients de Louis Vuitton, Gucci (73%) et Paco Rabanne (72%) attendent de ces marques qu’elles leur proposent des produits gender fluid.