Un an et demi après la création de la région Grand-Est, résultant de la fusion des anciennes régions Alsace, Lorraine et Champagne-Ardenne, Unser Land, le parti Alsacien, a sollicité l’institut CSA afin de réaliser une étude visant à recueillir l’opinion des Alsaciens sur l’avenir institutionnel de leur région et connaitre leur attachement à la langue régionale.
Une identité alsacienne nettement présente
L’étude a mis en exergue un fort sentiment d’identité alsacienne : ainsi les habitants des départements du Haut-Rhin et du Bas-Rhin se sentent d’abord et avant tout Alsaciens (38%), puis français (32%) et dans une moindre mesure citoyens du monde (15%). Dans le détail, on observe que le sentiment d’identité alsacienne est encore plus marqué auprès des Alsaciens résidant en zone rurale (50%), mais également auprès des ouvriers (52%) et des Alsaciens les plus âgés (49% des 65 ans et plus)
Par ailleurs, aux yeux des Alsaciens, l’organisation de la France est perçue comme trop centralisée. En effet, ils sont plus de 6 sur 10 (61%) à souligner le monopole de la capitale sur les décisions françaises majeures. Ils sont seulement 23% à estimer que l’organisation des pouvoirs est faite de façon satisfaisante entre Paris et les régions.
Même si près d’un alsacien sur deux (47%) estiment que les grandes institutions parlementaires françaises telles que le Sénat ou l’Assemblé Nationale défendent aussi bien les intérêts de l’Alsace que ceux des autres régions, ils sont plus d’un tiers (34%) à se sentir lésés. Un ressenti de « mis à l’écart » encore plus prégnant auprès des ouvriers (43%) et des plus âgés (40% des 50 ans et plus). Un autre élément qui atteste d’une importante critique en Alsace du jacobinisme français.
Le rôle des langues dans l’identité alsacienne
Se sentant avant tout et majoritairement Alsaciens, il n’est pas étonnant de constater l’importance qu’ils portent à leur langue. Ainsi, 61% des Alsaciens sont favorables à l’essor de l’apprentissage des deux composantes de la langue régionale (allemand standard et alsacien) à l’école, sans vouloir défavoriser l’une au profit de l’autre. Une opinion encore plus partagée par les ouvriers (74%) et les Alsaciens de 25 à 34 ans (69%).
Pour permettre cet essor de l’apprentissage de l’allemand et de l’alsacien, les 2/3 des Alsaciens (67%) souhaitent voir se développer les écoles bilingues français-allemand. En outre, une moitié des Alsaciens sont favorables à l’officialisation de la langue régionale aux côtés de la langue française (49% y sont favorables – et la même part opposés). Les ouvriers (57%) et les plus de 50 ans (56%) sont les plus séduits par cette idée.
Un fort attachement au droit local
Cela ne fait aucun doute, les Alsaciens souhaitent conserver leur droit local (78%). Un constat qui s’intensifie notamment dans le département du Haut-Rhin (81%) et dans les zones rurales (85%) ainsi qu’auprès des ouvriers (86%) et des Alsaciens les plus âgés (82% des 50 ans et plus). On peut y voir la marque d’un attachement important à leur particularité régionale.
Les Alsaciens réclament le retour de leur région et souhaitent plus d’autonomie
Les Alsaciens expriment, avec beaucoup de conviction leur souhait de voir l’Alsace redevenir une région (plus de 8 alsaciens sur 10 y sont favorables dont 49% « tout à fait »). Ce souhait est très majoritaire auprès de toutes les catégories de populations et il est encore davantage partagé par les ouvriers (92%) et les habitants du Haut-Rhin (89%). L’hypothèse d’une région possédant à la fois les compétences d’un département et d’une région est également très favorablement accueillie (73%).
L’idée que l’Alsace dispose d’un statut spécifique avec davantage d’autonomie recueille elle aussi un soutien majoritaire (58% y sont favorables – 37% opposés). L’hypothèse de l’indépendance est en revanche largement rejetée (80% s’y montrent défavorables) même si une part non négligeable des Alsaciens (18%, dont 27% des ouvriers) y est favorable. Enfin, si la région Alsace était recréée, le drapeau « Rot un Wiss » pourrait devenir son emblème : 67% des Alsaciens approuvent cette proposition, notamment les plus jeunes qui sont les plus enthousiastes (81% des moins de 35 ans).
Au global, on observe un fort sentiment d’identité alsacienne. Cette particularité se traduit tout d’abord par un attachement à la langue régionale, dont l’essor de l’apprentissage dans les écoles est souhaité par les Alsaciens, qui sont cependant hésitants pour qu’elle devienne langue officielle. Sur le plan des institutions politiques, les Alsaciens veulent le retour de leur région Alsace et sont plutôt favorables à davantage d’autonomie. En somme, les Alsaciens désirent retrouver leurs institutions régionales et voir se développer l’enseignement de leurs langues locales.