17/11/2022 Etude

Indices des Dépenses Contraintes, vague 4

Une étude CSA réalisée pour lesfurets

L’indice des Dépenses Contraintes permet d’évaluer l’évolution du « panier » des dépenses contraintes pour chaque foyer à l’instar de l’indice des prix à la consommation de l’Insee. En raison de l’inflation, l’indice connaît une forte hausse cette année, passant de 100 en 2020 (année 0) à 117 en 2022, avec des disparités notables selon les catégories de population. Pour la première fois, les Français ont également été interrogés sur le poids de leurs abonnements loisirs dans leur budget mensuel.

 

D’après les résultats de cette 4e édition, les Français déboursent en moyenne 1 095€ par mois pour leurs dépenses contraintes, soit 35% de leurs revenus nets moyens. Après une première hausse de l’indice des dépenses contraintes en octobre 2021 (indice alors à 107, vs 100 en 2020, année référence de l’indice), l’indicateur atteint cette année son plus haut score (117) : la tendance se maintient donc à la hausse.

Parmi les évolutions à noter cette année, le poste de dépenses lié au logement augmente considérablement en 2022, passant de 634€ / mois en moyenne à 675€. En cause notamment, les tarifs de l’électricité (estimés à 97€ par foyer contre 90€ l’année dernière) et du gaz (97€ contre 89€ en 2021). Au même titre, le poste transports connaît une hausse considérable, passant de 232€ à 245€ mensuels en moyenne, en raison des prix du carburant (+15€ / mois) et des primes d’assurance automobile (+4 / mois).

LES CHIFFRES-CLÉS

 

  • En moyenne, les Français déboursent 1 095€ / mois pour leurs dépenses contraintes, soit 35% de leurs revenus mensuels nets moyens.
  • Parmi les Français les plus touchés, les catégories pauvres(1) dépensent 1 017 € / mois pour leurs dépenses contraintes. Cela représente 80% de leurs revenus mensuels nets moyens.
  • A contrario, les dépenses contraintes chez les catégories à hauts revenus pèsent 1 209 € / mois, soit seulement 17% de leurs revenus mensuels nets moyens.
  • Les jeunes de 18-24 ans subissent eux aussi de plein fouet la situation économique : chaque mois, ils dépensent en moyenne 1 076 € pour leurs dépenses contraintes (+ 256€ vs 2021), soit 51% de leurs revenus nets moyens.
  • Pour la première fois interrogés sur le poids de leurs abonnements loisirs dans leur budget mensuel, les Français déclarent y consacrer en moyenne 41 € / mois.
  • Parmi ces abonnements, le streaming vidéo (Netflix, Prime Vidéo, Disney+…) est le préféré des Français : 34% d’entre eux déclarent qu’ils ne pourraient pas s’en passer.

DEUX POIDS DEUX MESURES ENTRE LES PLUS MODESTES ET LES PLUS AISES

 

Plus les Français sont pauvres, plus leurs dépenses contraintes pèsent lourd dans leur budget. Si cela n’a rien d’étonnant à première vue, cette 4e vague de l’indice révèle des écarts très nets selon les catégories sociales : ainsi, les dépenses contraintes représentent 80% du budget mensuel des Français les plus modestes (1 017€ / mois), là où elles ne pèsent que 17% chez les catégories à hauts revenus (1 209€ / mois). Chez les classes moyennes inférieures, les dépenses contraintes représentent 44% et, chez les classes moyennes supérieures, 32%.

 

Des disparités qui, comme l’année dernière, sont également visibles au travers du facteur âge. En témoignent le poids des dépenses contraintes chez les 18-24 ans, passé de 820 € / mois en 2021 à 1 076 € en 2022 (soit 51% de leurs revenus mensuels nets moyens). A contrario, les 65 ans et plus, le poids des dépenses contraintes s’élève à 841€, soit 26% de leur budget mensuel. Dans le détail, là où les retraités dépensent 413€ / mois en moyenne pour leur logement, les jeunes de 18-24 ans y consacrent 744€ en moyenne. Un moindre coût pour les seniors, toutefois compensé par les dépenses liées à la santé, les retraités y consacrant en moyenne 138€ / mois.

 

A retenir également concernant les couples avec 2 enfants : comme pour la population globale, la situation pour les catégories pauvres s’aggrave avec une part des dépenses contraintes qui atteint les 69% de leur budget mensuel moyen.

ABONNEMENTS LOISIRS : EUX AUSSI DES DEPENSES CONTRAINTES ?

 

Pour la première fois depuis la création de l’Indice des Dépenses Contraintes, le comparateur lesfurets s’est par ailleurs intéressé au budget abonnements loisirs des Français. Chaque mois, ils dépensent 41€ en moyenne pour leurs différents abonnements(2) (plateformes de streaming vidéo / VOD, services de jeux vidéo, salles de sports, cartes de cinéma illimité et des plateformes de streaming musical). Donnée particulièrement notable, ce poste de dépenses atteint 63€ chez les 18-24 ans, contre seulement 32€ chez les 65 ans et plus.

 

Mais ces abonnements, désormais ancrés dans les habitudes de consommation des Français, peuvent-ils être considérés comme des dépenses contraintes ? Pour une très large majorité des Français, non ces dépenses étant perçues comme secondaires : 82% de ceux concernés pourraient en effet se passer sans difficultés de leur abonnement à un service de streaming musical, 84% de leur abonnement à la salle de sport, 91% de leur abonnement à leur service de jeux vidéo et 92% de leur carte de cinéma illimité. Seule exception à la règle : plus d’un tiers (34%) des Français avouent qu’il leur serait difficile voire impensable de se passer de leur plateforme de streaming vidéo (Netflix, Disney+, Prime Vidéo…).

 

“Avec cette nouvelle édition de l’Indice des Dépenses Contraintes, nous avons souhaité vérifier si la définition des dépenses contraintes était toujours la même face à l’émergence de nouvelles tendances de consommation. Il est intéressant de constater que pour un Français sur trois, le streaming vidéo devient une dépense dont il serait difficile de se passer. Après la téléphonie et Internet, qui ont fini par intégrer la liste des dépenses contraintes, qu’en sera-t-il demain de ces abonnements loisirs, qui ne cessent de se multiplier dans le budget des Français ?” s’interroge Cédric Ménager, Directeur Général lesfurets.

TOP 3 DES REGIONS OU LES DEPENSES CONTRAINTES SONT LES PLUS ELEVEES

D’un point de vue régional enfin, certaines disparités de dépenses s’observent aussi. L’Île-de-France conserve sa place où il fait le plus cher vivre, tandis que les Pays de la Loire font leur arrivée dans le top 3 des régions avec les dépenses les plus élevées. La Bourgogne-Franche-Comté quant à elle, après avoir quitté ce top 3 l’an dernier, y refait son apparition.

1. Île-de-France (1 188€ / mois, soit 32% des revenus mensuels nets moyens)
2. Pays de la Loire (1 183€ / mois, soit 36%)
3. Bourgogne-Franche-Comté (1 165€ / mois, soit 38%)

 

 

Dans le détail s’observent des spécificités au sein de chacune de ces trois régions :

  • Sans surprise, l’Île-de-France maintient sa première place notamment à cause des dépenses liées au logement (802€ vs. 675€ pour l’ensemble) et plus précisément concernant le loyer ou le crédit immobilier (852€ vs. 680€ pour l’ensemble). Les franciliens étant moins automobilistes ou utilisant peu leur voiture, contrairement aux autres régions, ils sont moins concernés par la hausse des dépenses liées aux transports qui stagne pour eux en dessous de la moyenne des Français (214€ vs. 245€ pour l’ensemble).

 

  • Du côté du Pays de la Loire, cette région se démarque d’une part par les dépenses liées au
    logement (724€) mais pas seulement : les dépenses liées aux transports (260€ vs. 245€ pour
    l’ensemble) ou encore la communication (94€ vs. 77€ pour l’ensemble) expliquent sa deuxième
    place sur le podium des régions où il fait le plus cher vivre.

 

  • Enfin, la Bourgogne-Franche-Comté se démarque moins par ses dépenses liées au logement
    que par celles liées aux transports. En effet, ses habitants y consacrent un budget mensuel
    moyen de 263€ (vs. 245€ pour l’ensemble). Cette région fait notamment partie de celles
    frappées de plein fouet par la flambée des prix du carburant, qui lui coûte 130€ en moyenne
    par mois à ses habitants (contre 123€ pour l’ensemble de la population).

L’INDICE DES DEPENSES CONTRAINTES : EXPLICATIONS METHODOLOGIQUES

Pour cet indice, nous avons utilisé la méthode de Laspeyres qui permet :

  • De construire un indice statistiquement fiable à partir d’une méthode éprouvée.
  • Une compréhension facilitée des évolutions (à partir d’une « base 100 » calculée en Novembre 2020) ;
  • Une restitution fidèle du budget consacré par les Français aux dépenses contraintes, chaque dépense étant
    pondérée pour refléter son poids dans l’ensemble des dépenses contraintes ;
  • A noter : les nouveaux items concernant les abonnements loisirs ne sont pas intégrés au calcul de l’indice
    La base 100 de l’indice représente le montant des dépenses contraintes mensuelles mesuré en vague v0 du dispositif, en novembre 2020.

 

Qu’est-ce que cela indique ?
Le calcul de cet indice permet d’englober à la fois la prégnance d’une dépense dans la population (c’est-à-dire la part d’individus ayant effectivement cette dépense dans leur foyer), ainsi que le poids de chaque dépense dans le montant global du budget contraint, afin d’aller plus loin dans l’analyse que la simple moyenne des dépenses contraintes des Français.

 

Mais l’augmentation de cet indice global de 117 ne se suffit pas à lui-même : il convient de s’attarder sur les disparités entre les différents profils de la population française, qui ne sont pas tous impactés de la même manière. Si l’ensemble des profils ont vu leur indice augmenter, les plus touchés sont les plus jeunes âgés de 18 à 24 ans (174) ainsi que les CSP- (123) et les inactifs (119). À l’échelle des régions, les plus impactées par cette hausse de l’indice des dépenses contraintes sont la Bretagne (141), la région PACA (128) et la Normandie (124).

 

 

 

 

Méthodologie : Échantillon national de 2 018 individus, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, administré en ligne du 5 octobre au 12 octobre 2022. Méthode des quotas sur les variables de sexe, âge, catégorie socio-professionnelle de l’interviewé, régions administratives et catégorie d’agglomération. Indice propriétaire lesfurets, réalisé́ en collaboration avec l’institut CSA Research.

 

(1) Selon la classification de l’Insee : revenus mensuels nets compris entre 0 et 900.

(2) Les nouveaux items concernant les abonnements loisirs ne sont pas intégrés au calcul de l’indice.